You will find the original English version of this article here.
Dans les articles précédents, nous avons exploré les valeurs, qui sont les concepts que nous utilisons pour expliquer pourquoi certaines choses ont de l’importance pour nous, et la science, qui elle est un processus de pensée critique et d’hypothèses que nous utilisons pour mieux comprendre l'univers.
Les valeurs ont tendance à être de nature plutôt qualitative ; elles peuvent être difficiles à mesurer. Nous pouvons les classer, mais ces classements ne sont probablement pas absolus et ils peuvent être difficiles à expliquer ou justifier. D'autre part, la science a tendance à être plus souvent quantitative ; nous pouvons mesurer plusieurs aspects de l'univers, parfois avec une grande précision. Pour cette raison, les méthodes scientifiques quantitatives facilitent la comparaison et le classement des choses.
Alors, des choses que nous pouvons mesurer aisément ou non, lesquelles sont les plus importantes ? Peut-être sont-elles aussi importantes les unes que les autres?
Le côté gauche de notre cerveau, l'hémisphère cérébral gauche, est la moitié la plus logique et la plus quantitative de notre cerveau. Le côté droit est notre côté plus intuitif et qualitatif. On dit qu'on explique avec la logique, mais que c'est par l'intuition qu'on découvre.
Nulle part le contraste entre les valeurs et la science n'est plus évident qu'à la fin de la vie. Voulons-nous vivre aussi longtemps que possible, ou serions-nous prêts à sacrifier de la durée de vie si cela permettait une expérience de la mort qui soit qualitativement meilleure?
Dans une certaine mesure, cette question a été au centre de la pandémie, même si ce n’est pas évident à première vue. Il y a un siècle, la pneumonie était appelée "l'amie du vieil homme", car dans le grand schéma de la vie et de la mort, c'était l'une des manières les plus tolérables de quitter ce monde. En d'autres termes, à l'approche de la fin de la vie, beaucoup choisissaient de ne pas accepter de traitement contre la pneumonie et d'y succomber à la place, même si le traitement aurait pu prolonger leur vie pendant une courte période. Bien sûr, la vie était alors assez différente. Les gens vivaient souvent dans des fermes et étaient quotidiennement exposés au processus naturel de la mort. Même dans les villes, les parents âgés vivaient souvent et mouraient avec leurs familles, de sorte que leurs familles avaient été des témoins intimes de la mort de leurs aînés. À cette époque, les veillées mortuaires avaient lieu dans la maison familiale du défunt.
Aujourd'hui, de nombreuses personnes n'ont jamais été témoins de la mort d'un animal, encore moins d'un humain, en particulier d'un parent proche. Nous sommes moins familiers avec le processus de la mort. Au cours des deux dernières années, nous avons pu quantifier le nombre de personnes décédées du COVID, leur âge et d'autres statistiques vitales. Mais nous luttons un peu plus, peut-être, lorsqu'il s'agit d'aspects qualitatifs : quelle était leur qualité de vie avant de contracter le COVID? Cette qualité de vie se détériorait-elle, et à quelle vitesse ? Sont-ils morts paisiblement ? La COVID aurait-elle pu être l’ « amie du vieil homme » des temps modernes ?
Ce sont des questions difficiles car elles sont de nature qualitative. Bien que les réponses ne viennent pas facilement, les réponses comptent beaucoup, au moins autant que les réponses quantitatives. Nous sommes-nous sentis à l'aise de les poser et d'essayer d'y répondre ?
Peut-être que si nous étions plus familiers avec la mort et plus à l'aise pour en discuter, nous aurions peut-être abordé la pandémie différemment. Peut-être aurions-nous mieux réussi à équilibrer la durée quantitative de la vie avec les aspects qualitatifs de la vie et de la mort. Il est même possible que nous aurions tenté de contrebalancer le désir d'empêcher tous les décès dus à la COVID, y compris ceux des personnes qui étaient déjà en fin de vie, avec le préjudice qualitatif causé à d'autres qui n’allaient pas tomber gravement malades à cause du virus mais qui au contraire allaient souffrir le plus des mesures instituées pour éviter à tout prix tout décès dû à la COVID. Après tout, nous savons maintenant que la maladie mentale, la maltraitance des enfants, la toxicomanie, les suicides, le retard de développement de l'enfance, le stress financier et bien d'autres ont été qualitativement aggravés pendant la pandémie en raison de plusieurs des mesures mises en œuvre.
Il peut être utile de réfléchir à ces questions de quantité de vie et de qualité de vie et de mort. C'est probablement dans l'équilibre prudent et rigoureux entre les deux que nous trouverons un sens plus profond à nos vies, ainsi que le réconfort que nous cherchons lorsqu'il s'agit de notre propre mortalité.
J. Barry Engelhardt MD (retraité) MHSc (bioéthique) CAERS Health Intake Facilitator
Traduit et adapté par Marie Noëlle